Standard & accessible

Olivier Nourry de Qelios revient de CSUN2012 et bouillonne d’idées pour faire avancer, à juste titre, le sujet de l’accessibilité.

Voici la synthèse en français de son article qu’il a publié en anglais sur son blog.

Le constat d’Olivier et de nombreux professionnels

L’accessibilité est un sujet encore méconnu voire inconnu de nombreux acteurs du web et d’éditeurs de sites ou de services.

Accéder à l’accessibilité, si j’ose dire, demande beaucoup d’investissement personnel et de temps que beaucoup n’ont pas ou ne veulent pas acquérir.

Aujourd’hui, des milliers de ressources existent :

• les WCAG et les travaux de la WAI
• Les référentiels Accessiweb et le RGAA en France
• Des milliers de liens alimentés par des professionnels à travers la toile

Le constat est qu’il manque une base de connaissance universelle, centralisée et à visée opérationnelle et pragmatique pouvant être utilisée sur le terrain sans trop se poser de questions. Les gens ont besoin de réponses simples à des questions communes.

En l’absence de réponses, on constate que les mauvaises pratiques se diffusent et ce n’est malheureusement pas encore sur le point de changer.

Cette forte tendance va encore s’accélérer étant donné la croissance exponentielle du web et des services où le facteur temps, la livraison dans les délais d’un projet est une contrainte avérée, souvent contractuelle et donc financière.

De plus, comme l’écrit Olivier, on n’a jamais viré quelqu’un parce que son service n’était pas accessible.

Pourquoi cette base de connaissance n’existe pas actuellement ?

Les Experts accessibilité sont bien présents à travers le monde mais n’ont pas le temps matériel pour se fédérer et construire sur leur temps libre cette base de connaissances. Cela prendrait beaucoup trop de temps et malheureusement le temps n’attend pas et comme on l’a dit précédemment, le web, les services et les usages avancent à vitesse Grand V.

Ce que propose Olivier Nourry

Le fait de voir à CSUN2012 que des sponsors prestigieux avaient mis sur la table des centaines de milliers de dollars pour l’événement pousse Olivier à penser que des sponsors pourraient financer cette base de connaissance universelle. Olivier fait l’analogie avec la mise à jour d’Accessiweb lors de la sortie des WCAG 2 où 3 des meilleurs spécialistes de l’accessibilité en France, payés par Braillenet, avaient pu faire émerger la Version 2 d’ Accessiweb en 2 mois alors que la Version 1 avait nécessité 18 mois de travail avec des moyens financiers moindres et 3 itérations de commentaires de l’ensemble des membres du groupe de travail accessiweb.

Ainsi, pour piloter les travaux de cette base, lever des fonds et contrôler que l’argent est utilisé à bon escient, un Comité de Pilotage serait monté, des professionnels proposeraient leurs services pour bâtir les fondations de cette base de connaissances universelle. Ces professionnels (individus, entreprises, associations à but non lucratif, etc.) seraient sélectionnées via un concours international et par la qualité, le coût, les moyens mis en œuvre pour monter ces fondations robustes qui serviraient, in fine, à toute la communauté et c’est dernière qui ferait vivre cette base de connaissances.

Une fois retenue, cette équipe de professionnels devrait :

• Identifier les besoins et pas seulement les besoins de la communauté d’experts
• Faire un inventaire des ressources utilisables existantes
• Identifier les ressources manquantes
• Faire des retours publics sur l’état d’avancement de leurs travaux afin d’être commenter par la communauté
• Publier les ressources de base au plus tôt et souvent
• Une fois que ces bases seront posées, déposer ces ressources dans le domaine public sans demander de droits d’auteurs ou de propriété

Combien de temps faudrait il pour construire tout cela ?

• Deux ou trois mois pour monter le Comité de Pilotage
• Trois mois pour sélectionner une équipe (un mois pour que les équipes répondent, un mois pour que le Comité de Pilotage fasse une pré sélection et un dernier mois pour que le public donne son avis)
• Six mois pour bâtir les fondations de la base de connaissances

Ce que j’en pense...

L’idée à faire progresser est que l’accessibilité est un DROIT et pas une fonctionnalité qu’un service offrirait dépendant du fait que les donneurs d’ordres aient pu faire appel à un Expert ou non. La formation des personnes dans la chaine de production web est tellement faible aujourd’hui que si un Expert n’est pas engagé, alors le sujet de l’accessibilité reste malheureusement sur la touche.

Ce besoin de construire une base de connaissance centralisée et universelle est donc complètement fondé.

Tant que ceci n’existera pas, l’Expert Accessibilité sera toujours appelé "à mauvais escient" afin d’intervenir sur des problématiques de base, qui devraient être dans le meilleur des mondes, traités de base par toute personne intervenant sur des projets web. Le but étant de ne faire intervenir l’Expert que sur des problématiques pointues.

Pour ma part, quand j’ai commencé à m’intéresser au sujet de l’accessibilité, je ne savais pas trop par où commencer et au fur et à mesure de je me suis construit une petite base de ressources (principalement des bookmarks) en guise de base de connaissances.

Ce qui manque terriblement, ce sont des méthodes ou des tutoriaux facilement trouvables pour, par exemple, faire un menu déroulant accessible ou savoir comment on gère des formulaires de manière accessible et surtout la gestion des erreurs... Le but est de mettre à disposition des éléments utilisables simplement et facilement par des acteurs qui n’ont pas vocation à être forcement des experts accessibilité.

Ces éléments devraient être systématiquement validés par des retours des utilisateurs.

Le travail à effectuer est énorme, mais les enjeux sont également énormes.